Anne-Marie Heugas sur l’abandon du projet de piscine du Pont de Bondy : « Un choix de raison pour améliorer la politique sportive au service des habitant·e·s »

Lors du conseil de territoire du 23 mars, les conseiller·e·s ont voté à la quasi-unanimité l’abandon du projet de la piscine olympique du Pont de Bondy (Noisy-le-Sec). Avec les élu·e·s de notre groupe, je me félicite de ce choix qui reflète à la fois une volonté de sobriété d’investissement et un objectif d’amélioration du service rendu aux habitant·e·s d’Est Ensemble.

L’établissement public territorial Est Ensemble est compétent pour la construction et l’entretien des piscines sur les neuf villes du territoire. En 2016, le site du Pont de Bondy a été identifié pour l’implantation d’un centre aquatique ayant vocation à être un site d’entrainement des équipes de water-polo des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris en 2024 (JOP 2024).

Cet équipement s’inscrivait alors dans le cadre du grand projet de Zone d’aménagement concerté (ZAC) du « Quartier durable de la Plaine de l’Ourcq », piloté par Est Ensemble et la Ville de Noisy-le-Sec. Il participait à la mutation d’un quartier vers un lieu de centralité métropolitaine, bénéficiant de la proximité du canal de l’Ourcq, de la RD933 et de la future gare du Grand Paris Express. Le projet devait s’accompagner d’un parc de 200 logements, d’un hôtel de 126 chambres, ainsi que de nombreux commerces de proximité.

Ce centre aquatique très ambitieux prévoyait plusieurs espaces sur une surface de plancher de 8710m² : un bassin olympique (50m x 25m), un bassin de water-polo (33m x 25m, un bassin d’activité et d’apprentissage (entre 200 et 300m²) ; des gradins de 500 places ; un espace forme et bien-être etc. Il était alors prévu qu’après les JOP 2024, l’équipement remplace les piscines Édouard-Herriot (Noisy-le-Sec) et Michel-Beaufort (Bondy), jugées trop vétustes. Il devait enfin accueillir les groupes scolaires et les clubs des deux villes, dont Le Cercle des Nageurs de Noisy-le-Sec de water-polo, club emblématique noiséen évoluant en ligue professionnelle, qui disposait ainsi d’un bassin de compétition homologué.  

Dans ce contexte, la Société Décathlon, propriétaire du terrain, s’est rapprochée de la société NODI, afin de réaliser le projet, dont Est Ensemble se portait acquéreur à travers une vente en l’état futur d’achèvement (VEFA). Une promesse de vente a été signé le 5 décembre 2018, avec l’engagement par NODI de livrer l’équipement dès 2023.

Le coût d’objectif global maximum était fixé à 45,6 M€,ventilés ainsi :

  • La Société de livraison des ouvrages olympiques (SOLIDEO) :5M € ;
  • La Métropole du Grand Paris (MGP) : 4 M €.
  • Le conseil départemental : 2,5 M €.
  • Est Ensemble : 34,1M€ (75% du cout total)

Le choix d’un tel investissement, très couteux, était celui du précédent exécutif d’Est Ensemble, et plus particulièrement de son président Gérard Cosme ainsi que des anciens maires de Bondy (Sylvine Thomassin) et de Noisy-le-Sec (Laurent Rivoire).

Le changement de gouvernance d’Est Ensemble en juillet dernier nous a amenés à nous interroger sur la viabilité de ce projet eu égard à ses engagements initiaux de date de livraison, son coût financier et la complexité du montage contractuel en VEFA. D’autant plus que la date limite de signature de la VEFA définitive était repoussée au 30 octobre 2020. De son côté la SOLIDEO, inquiète quant au respect du calendrier par NODI, a réalisé un audit en septembre 2020.

Cet audit n’a fait que confirmer nos doutes en constatant une « livraison prévisionnelle incompatible avec les exigences olympiques », entraînant de fait un retrait des financements de la SOLIDEO et de la MGP. De plus, un surcoût de 3M € est apparu du fait des évolutions du projet, s’ajoutant à d’autres surcoûts conjoncturels (liés au COVID, au traitement du foncier et des réseaux plus complexes que prévu, etc.).

Dans ces conditions Est Ensemble n’a pas souhaité prendre en charge les financements manquants pour cet investissement. Par ailleurs, les services d’Est Ensemble ont chiffré à 2 millions d’euros le déficit d’exploitation prévisionnel compte tenu du surdimensionnement de cette piscine.

Notre responsabilité d’élu·e·s, dans le contexte actuel de crise sanitaire et économique, doit nous engager vers de la sobriété, de la soutenabilité dans les programmations de nouveaux équipements et la rénovation de nos équipements actuels. Ce programme ne répondait plus du tout à cette exigence.

L’abandon de ce projet est un soulagement car il va nous permettre de nous concentrer sur nos engagements : améliorer l’accès pour toutes et tous aux activités aquatiques et développer davantage l’apprentissage de la natation pour les petits mais également pour les adultes. C’est pour Est Ensemble l’opportunité de revoir son schéma directeur afin de proposer un véritable maillage du territoire en matière d’équipements destiné à :

– réduire les injustices sociales en termes d’accès à une piscine. En effet, la Seine-Saint-Denis compte moins de 60 m2 de bassin de natation pour 10.000 habitants, contre plus de 160 m2 en moyenne en Ile-de-France. Davantage de piscines de proximité de qualité, cela permet d’accroître le nombre de séances de natation dans le cadre scolaire, domaine dans lequel le territoire d’Est Ensemble est en dessous des recommandations du rectorat. Cela garantit aussi une pratique plus régulière et dans de meilleures conditions pour les adultes et les familles.

– amplifier le « savoir nager », qui est le socle de la politique sportive portée par Est ensemble et répond à un enjeu de santé publique, au-delà des bienfaits physiques de la natation. Rappelons que la première cause de mortalité infantile est la noyade. En Seine-Saint-Denis, un enfant sur 4 ne sait pas nager à l’entrée en 6ème, ce qui place notre département en queue de peloton en la matière. Cependant, les taux de réussite des élèves de CM2 à l’Attestation scolaire « savoir nager » (ASSN) sont en progression, avec toutefois des résultats très inégaux selon les villes.

– permettre aux clubs d’exercer leurs activités dans des conditions optimales.

– inscrire les équipements dans les enjeux de transition climatique et de résilience du territoire en sortant des choix énergivores du passé.

Dans cette optique, le maillage sera amélioré de trois manières. Premièrement, Est Ensemble va réhabiliter les piscines existantes Édouard-Herriot (Noisy-le-Sec) et Michel-Beaufort (Bondy), et en construire une nouvelle dans le secteur de la Folie (Bobigny), qui en manque cruellement. Il s’agira de la 13ème piscine du territoire. Deuxièmement, Est Ensemble a reçu un accueil favorable pour le réemploi de deux bassins d’entraînement provisoires qui seront utilisés durant les JOP 2024, dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt lancé par la comité d’organisation Paris 2024, l’État et le conseil départemental de la Seine-Saint-Denis. Deux sites ont été privilégiés : celui de la piscine des Malassis (Bagnolet) et celui de la nouvelle piscine qui va voir le jour dans le secteur de la Folie (Bobigny). Troisièmement, des négociations entre la SOLIDEO et Est Ensemble ont permis d’intégrer le stade nautique Maurice-Thorez (Montreuil) dans la liste des sites d’entraînement pour le water-polo et le plongeon. Grâce à la subvention de la SOLIDEO de 2,5 M €, cette piscine sera rénovée et mise aux normes olympiques une fois pour toute, ce qui bénéficiera entre autres au club de water-polo de Noisy-le-Sec.

Anne-Marie Heugas, Vice-présidente d’Est Ensemble, chargée des Sports

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